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Après ma première année de licence j’ai décidé de partir 1 mois, au Pérou avec la fondation de Bourse au Voyage Zellidja. Mon projet était d’étudier la transmission intergénérationnelle des savoir-faire pour perpétuer les coutumes et traditions ancestrales. J’ai reçu une bourse de 900 euros et le soutient d’une référente pour réaliser ce voyage. Si tu as moins de 21 ans et que, comme moi, tu as soif d’aventure, je t’invite à consulter la page web de l’association :Accueil | Zellidja – Bourses de voyage.
En avril 2025, je suis rentré en contact avec Danielle Meunier, bénévole de l’association Identité Amérique Indienne. Danielle a de suite compris l’essence de mon projet ; le 22 juin à mon arrivée à la capitale, elle est venue me récupérer à l’aéroport. Elle m’a menée à la rencontre de Soccoro, Sylvie et des jeunes en service civique de l’association Mano à Mano. A leur côté j’ai eu un aperçu des principes du “buen-vivir”.
C’est réellement à Huilloc que j’ai expérimenté ce que signifie le « buen-vivir ». Chaque nuit, une nouvelle famille me recevait chez eux et me faisait découvrir leur quotidien.
A mon plus grand bonheur, les journées étaient bien occupées :
Nous avons passé beaucoup de temps dans les champs, à cultiver les végétaux pour les récoltes. J’ai été ramasser les épis de maïs dans les champs de Fortunata et Feliciano. Barbara m’a aussi emmené « cosechar » le maïs en famille, avec Fred, Jacinto, Luce-Marie et Nicolasa. Sinchi et Pauline m’ont montré les gestes qu’elles répètent depuis petites avec leurs grands-parents pour trier les pommes de terre dans leur champ en altitude. J’ai passé du temps avec Anita pendant qu’elle stockait et conservait les mor ayas et chuños (pomme de terre congelées puis déshydratées qui se conservent durant des années. La récolte des semences et le travail de la terre sont très importants à Huilloc ; quand le moment est venu, toute la famille se met au travail, femmes et hommes de 5 à 90 ans.
Pour nous déplacer, nous marchions dans la nature. J’ai été émerveillée par les espaces naturels qui surplombent le village : montagnes, lacs proche de la ville de Larès ou ceux de Qeuna Qocha… Les familles m’ont fait découvrir avec enthousiasme la faune et la flore des alentours. J’ai encore cette image en tête de centaines de lamas, vaches, brebis qui occupent les terres. Durant ces randonnées, Jésus m’a enseigné comment reconnaître les plantes médicinales ainsi que leurs usages. L’on m’a transmis les croyances spirituelles et religieuses liées à la nature. Par exemple, on m’a indiqué que les APU, montagnes sacrées de la mythologie inca, assurent de bonnes récoltes à tout le village.
Au-delà de ces moments en extérieur, chacun de mes hôtes m’a enseigné des savoir-faire manuels, dans leur propriété. Florentina m’a montré le processus de tissage d’un poncho et m’a appris les significations des motifs et des couleurs choisies. J’ai aussi appris à filer la laine autour du rouet traditionnel au côté de Josef. J’ai aimé par-dessus tout passer du temps dans la cuisine de chaque famille, discuter autour du feu en préparant le dîner en grande, très grande quantité. Florentina, Barbara, Juliana, Bertha, toutes m’ont transmis les recettes des mets ancestraux. Nous avons cuisiné des soupes de pommes de terre, des mijotés, du choclo, le fameux arroz chaufa, et la gourmande mazamora. Mes papilles se souviennent encore de toutes ces nouvelles saveurs des végétaux et racines cultivés localement : la yuka, les tumbos, les tunas, le maïs, les pommes de terre etc. Dans le jardin de Bertha et le champ d’Anita, nous avons préparé, ensemble, des pachamanca et des huatia : fours ancestraux faits de pierre ou de terre qui permettent de cuire sans énergie les aliments en leur donnant un goût particulier.
Pendant mon séjour, j’ai découvert un système administratif propre à la communauté de Huilloc. Daniel Paucchar m’a enseigné leur autonomie sur le plan juridique et sécuritaire. Aucune autorité extérieure n’est autorisée à intervenir. J’ai pu également comprendre le système éducatif en accompagnant les parents d’élèves dans les institutions de transmission du village. Crisostomo m’a emmené au collège et Barbara à l’école primaire.
Le quechua occupe un rôle principal dans la transmission des savoir-faire, les assemblées générales, les cours à l’école, les dialogues à la maison se réalisent à travers cette langue. Isabelle et Josef avec leur fille Elisabeth. M’ont enseigné les mots de base du Quechua. Ils ont veillé à mon intégration et ont fait tout ce qui était en leur possible pour partager avec moi leur culture.
En partageant les journées des habitants de Huilloc, j’ai compris que la protection de la culture réside dans les gestes du quotidien : dans la cuisine que l’on prépare, dans la pratique du Quechua, dans le travail de la terre et le rapport à la nature. Durant ces deux semaines, j’ai appris à tout réapprendre, à remettre en question mes certitudes, à reconsidérer mes besoins et à repenser ma consommation. Un immense merci à Danielle pour avoir rendu ce séjour possible, merci à toutes les personnes dont j’ai croisé le chemin et qui ont rendu cette expérience inoubliable.
Sulpayki y Minchka Kachanki (merci et à bientôt)
Marie-Ange Parras
19 ans, étudiante en lettres et sciences politiques à l’Université de Poitiers